Dans le petit matin froid et brumeux de l’hiver, je rejoins devant la mer Morgane & Jeff, assoiffés d’aventure et de liberté. Leurs voix profondes et mélodieuses, leur univers poétique, tout en eux et autour d’eux nous font succomber. Native de Plescop, Morgane accompagne Jeff sur les routes depuis plus d’un an, pour le plus grand bonheur de leurs fans.

Bonheurs Anonymes : Qui êtes-vous ?

Morgane & Jeff : Nous sommes de jeunes voyageurs rêveurs, passionnés par ce que l’on fait. Nous avons envie de vivre les rêves que l’on avait enfants. 

Quand vous aviez 16 ans, comment voyiez-vous l’avenir ?

Morgane : J’avais envie de vivre avec le moins de contrainte possible, me contenter de vivre avec des valeurs. Je me voyais chanter, proche de ma famille, à la campagne. Je voulais être heureuse et vivre avec la nature. La notion de travail venait après, au service de mon bonheur.

Jeff : Mes envies ont changées à 16 ans car j’ai commencé à faire de la guitare et de la musique. J’ai eu envie de voyager, de partager des moments avec des gens, de jouer de la guitare. Ma famille m’a beaucoup soutenue, ça a été important pour moi. J’avais envie de faire ce que j’aimais.

Qu’aimez-vous dans la vie ? Qu’est-ce qui vous rend heureux ?

Morgane : être proche des gens que j’aime. J’aime me sentir bien, libre, avec des choses simples, des relations simples…me sentir en adéquation avec mon environnement et mes sensations.

Jeff : être entouré des personnes que j’aime, c’est primordial, de gens positifs, qui me tirent vers le haut. J’aime vivre chaque instant avec les autres, partager et rencontrer plein de monde.

Est-ce qu’il existe un échec en particulier qui vous a fait avancer ?

Morgane : Mon dernier partenaire musical est décédé brutalement, ça a été un choc, j’ai beaucoup voyagé et je pensais ne jamais me remettre à chanter. Puis ça m’a fait avancer. Quand je fais de la musique, c’est aussi pour lui.

Jeff : après avoir raté un télécrochet, j’ai fait le pari de prouver que j’en était capable, et j’ai finalement gagné un concours envié l’année suivante. 

Pour vous c’est quoi réussir ? Que faut-il faire pour réussir sa vie ? 

Morgane : C’est se sentir bien dans ce qu’on fait, s’écouter, oser. Beaucoup de gens nous disent qu’on a de la chance, mais réussir c’est se donner les moyens. On peut tous faire des choses extraordinaires avec très peu. Il ne faut pas se décourager.

On est conscient que ce n’est pas simple, c’est se donner les moyens de rebondir. Réussir, c’est rarement définitif. 

Jeff : Garder le cap. C’est un grand mot réussir : c’est être reconnu pour ce que l’on fait, pour la qualité de notre travail, celui qui nous ressemble. Être fier de ce que l’on fait. Voir les personnes heureuses face à soi quand on fait de la musique, c’est notre plus belle récompense. 

«On peut tous faire des choses extraordinaires avec très peu.»

Quel sentiment vous procure la composition d’une chanson ?…

Jeff : Je me laisse aller à ce que je ressens, je le joue à la guitare, ça peut être de la nostalgie ou de l’espoir, c’est un sentiment calme. Je me mets en réflexion et en apaisement, je lâche prise et je ressens de la liberté. Composer me permet de dire tout ce que j’ai à dire. C’est une libération et une prise de conscience.

Morgane : c’est un laisser-aller.

J’écris souvent en vrac et après je fais les liens, le texte me libère.

… le fait de monter sur scène ?

Morgane : Je ressens de la fierté parce que je me suis battue pour faire tout ça, je n’ai forcé personne à venir mais il y a toujours du monde. On construit tout cela. C’est une vraie gratification de voir les gens réceptifs. De voir que notre travail peut faire du bien aux gens me conforte dans ce que je fais. Ça me rend heureuse.

Je suis bien sur scène, c’est un vrai bien être, je me sens à ma place. 

Jeff : On passe par tellement de galères pour présenter notre travail que oui c’est une fierté, on se réveille la nuit pour écrire, on a des dates en France, à l’étranger, pour des grosses scènes, des plus petites, des mariages, des séminaires d’entreprises…

Des gens parfois nous demandent ce qu’on fait vraiment comme travail, sans comprendre que l’on ne puisse faire «que» ça … 

À chaque fois il y a des paliers de motivation, on joue sur des scènes sur lesquelles on ne pensait jamais pouvoir jouer, avec des artistes que l’on admirait….

Avez-vous le sentiment de réussir votre vie en vous donnant l’autorisation de créer ce qui vous ressemble ? Vous rapprochez-vous de vous-même ?

Jeff : Oui , j’ai un désir de voyager plus important car j’ai encore beaucoup de choses à apprendre mais c’est une satisfaction, un rêve qui se réalise. 

Morgane : Oui je me rapproche de moi même c’est une évidence , c’est une satisfaction de m’autoriser à faire ce que j’aime. 

Toute notre vie on nous dit qu’il faut rentrer dans les clous. Nous, on a le droit de faire ce qu’on aime, d’en faire notre travail, ça passe aussi par les gens qui nous soutiennent.

Quelle est la qualité que vous avez développée pour cultiver votre créativité ?

Jeff : la prise de recul que j’ai sur moi pour voir la marge de progression à réaliser et toujours avancer : persévérance, abnégation. 

Morgane : Je me focalise sur le moment présent, ce que je ressens maintenant : prise de conscience, écoute de soi.

Y a-t-il une personne qui vous inspire ?

Jeff : Paulo Nutini : ma principale inspiration et ce pourquoi j’ai commencé la musique, 

Mon grand père, calme et positif, il s’est battu pour tout ce qu’il a voulu construire. C’est simplement une bonne personne mais il me captive

Morgane : ma famille, les gens que je croise, qui m’inspirent pour écrire, par un visage, un ressenti…

«Réussir, c’est se donner les moyens de rebondir.»

Y a-t-il une citation qui vous motive ?

Morgane : «Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en a qu’une» . Raphaëlle Giordano

Jeff : «Le bonheur n’est réel que s’il est partagé» (film : into the Wilde) C’est un parcours sur des bonheurs instantanés.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite créer et inventer comme vous le faites ?

Faites le !

Y a t il une habitude quotidienne qui vous personnalise ?

Morgane : Je ferme les yeux et pendant 3 secondes je pense à quelque chose de positif, quelque chose que j’aime. 

Quand je fais quelque chose de banal comme prendre ma douche, je me concentre sur ce que je ressens par exemple l’eau chaude qui coule, je prends conscience que c’est agréable.

Jeff : J’aime prendre le temps de faire les choses. De me lever, de manger…de ne pas être stressé par le quotidien, de le rendre positif.

Et jouer de la guitare bien sûr tous les jours.

Quelle est la plus belle chose que vous ayez pu faire/découvrir/partager…?

Jeff : Ma musique, j’ai eu la chance de pouvoir faire mon premier CD et de le partager avec des gens. C’est un accomplissement. 

Morgane : Mon voyage humanitaire au Pérou : je suis revenue transformée, remuée au plus profond de moi même, pendant 3 semaines, après, tous les jours je pleurais. J’avais l’impression d’être avec des gens forcément sincères car ils n’avaient rien. Sans bien matériel on est forcément sincère. J’aidais comme je pouvais les enfants des bidonvilles, c’était enfin simple et il y avait un sens, il n’y avait rien autour.

Quel conseil donneriez vous à un jeune de 16 ans ?

Morgane : Il faut, selon moi, se donner les clefs de comprendre ce qui se passe autour de soi. Étudier. Ne pas avoir peur d’être curieux.

Jeff : Suivre son instinct, qu’on à tendance à perdre avec le temps pour rentrer dans un cadre. 

Quand vous avez le moral qui vacille, que faites-vous ?

Morgane : Je vais voir la mer ou mon cheval, je me sens bien, je me sens chez moi, je ne me pose pas de questions. Il faut se dire que l’on n’est pas tout seul, que l’on a au moins le mérite d’essayer.

Jeff : Je joue de la musique ou je fais du sport quand c’est la musique qui m’encombre. Ou bien je me pose, même juste 1/2 heure…

Je me rappelle que je suis libre de faire ce que je veux et dans l’ordre dans lequel je veux…

C’est une petite entreprise avec ses difficultés, c’est un vrai travail, il y a des fois où l’on doute vraiment. On est honnête avec ce que l’on fait, avec nous-même, on a refusé de belles opportunités car nous n’aurions plus été nous-mêmes.

Si on apprenait aux jeunes à avoir confiance en eux, on aurait beaucoup plus de gens joyeux, mieux dans leur peau.

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