«Tous les jours j’apprends quelque chose.»
Rubrique "S'engager"
On me parlait depuis un certain temps de cette entreprise innovante de Saint Nolff. À bien des égards, les valeurs portées par l’homme qui la dirige font d’elle une société de progrès écologique et social. Le management s’équilibre entre co-responsabilité, une échelle des salaires réduite, 35h en 4 jours… Le capital est alloué à un fonds de dotation (à but non lucratif) afin de soutenir des projets écologiques ou solidaires, le bâtiment est composé de bois breton et chauffé par des tailles de haies bocagères locales. L’eau est récupérée pour alimenter le jardin potager, des arbres fruitiers ont été plantés, des moutons d’Ouessant s’occupent de la pelouse, des abeilles contribuent à la pollinisation des lieux et l’art a investi des murs entiers d’Ecodis …J’ai envie de dire… What else ?

Bonheurs Anonymes : Qui êtes-vous ?
Didier Le Gars : Je suis un être social, porté par l’envie de construire, de créer des aventures collectives ou semi-collectives. J’aime la générosité, la justice, l’esthétisme, la beauté des objets, le goût de l’harmonie, le respect des équilibres et la nature…
Tout ceci dans le cadre professionnel que je me suis créé. J’ai besoin de vivre une expression de ces choses, c’est un chemin collectif mais aussi une expression personnelle.
Je suis aussi porté par la difficulté, trouver des choses qui n’existent pas, trouver un monde plus beau, des modes de vies plus harmonieux. Bien sûr dans des contraintes financières, de gestion de personne…. Mon entreprise est le prolongement de moi même. Je reste dans une cohérence globale.
Quand vous aviez 16 ans,qui vouliez-vous être dans la vie ?
À 12 ans je construisais des cabanes dans les arbres. A 16 ans je ne trouvais pas ma place. Plus tard le monde de l’entreprise me paraissait absurde. Ma vie a commencé quand j’ai initié le réseau alternative et solidaire des Robinsons à Paris. On peut s’amuser au travail, avec les autres, sur terre, en faisant des choses utiles, qui ont un sens.
Qu’aimez-vous dans la vie ? Qu’est-ce qui vous rend heureux ?
C’est un état personnel, c’est plutôt un état d’esprit général.
«On peut s’amuser au travail en faisant des choses utiles.»
Est-ce qu’il existe un échec en particulier qui vous a fait avancer ?
J’ai échoué à un diplôme mais je ne le considère pas comme un échec. Car ça se passe par petites touches, tous les jours j’apprends quelque chose.
Pour vous c’est quoi réussir ? Que faut-il faire pour réussir sa vie ?
C’est un sentiment de complétude, de bonheur, qui pour certaines personnes passent par la réalisation de choses. Pour d’autres non, comme quelqu’un qui est dans un sentiment poétique de la vie. J’ai un certain sentiment contemplatif du monde, mais dans mon cas c’est complémentaire avec la réalisation.
Quel sentiment vous procure la réussite de votre société ?
Un sentiment partagé, je trouve cela génial, étonnant, et en même temps c’est vraiment petit. Je ressens un sentiment d’humilité. On est peu de choses. J’ai le goût d’enrichir chaque jour de manière quantitative et qualitative.
Ce sont des expériences, la vie et le travail sont des expériences. C’est bien de faire les choses sérieusement mais tout en gardant une certaine distance. Ce n’est pas si important que ça.
Avez-vous le sentiment de réussir votre vie en vous donnant l’autorisation de créer ce qui vous ressemble ? Vous rapprochez-vous de vous-même ?
Oui bien sûr. Oui on peut le dire.
«Tous les jours j’apprends quelque chose.»
Quelle qualité avez-vous développée pour cultiver votre bonheur ?
Le sens de la justice, la générosité le goût de l’harmonie.
Y a-t-il des personnes qui vous inspirent ?
La figure de mon grand père, qui a fait la guerre 14-18. Il a développé une qualité d’être. Les gens venaient le voir juste pour se sentir bien. C’était un homme bon.
Doux, bon et tonique. Comme beaucoup de bretons.
Est-ce qu’il y a un outil que vous aimeriez partager qui vous a aidé à être heureux ?
La poésie, plutôt contemporaine, la musique (classique, le jazz, la musique ethnique, la soul..les chansons à texte), la peinture (Vermeer, Rembranlt, les Italiens, le non figuratif, Pollock…), la nature, les enfants, le sentiment amoureux.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite s’engager comme vous le faites ?
Il faut faire ce que l’on aime et accepter d’en payer le prix, tout en restant connecté, ouvert sur l’extérieur, en écoutant les avis des autres.
Il faut être porté, savoir ce qui est vraiment important pour soi. Ça peut prendre toute une vie !
Y a-t-il une habitude quotidienne qui vous personnalise ?
Ouvrir la fenêtre le matin sur le jardin, sentir le vent, l’humidité, l’air, écouter les bruits des alentours…
Quel conseil donneriez vous à un jeune de 16 ans ?
Je lui conseillerais d’avoir confiance en lui, il aura ainsi pleinement ce qui va se présenter plus tard.
Quand vous avez le moral qui vacille, que faites-vous ?
J’attends que ça passe. C’est un mouvement intérieur qui se fait.
La vie a toujours le dernier mot même si des phases peuvent être difficiles.