«Tout est possible quand on va à la rencontre des autres.»
Rubrique "S'émerveiller"
Anne me raconte le spectacle «des jardins et des hommes» de Patrick Scheyder. Il y avait la mer, la pinède, le piano, le tout s’accompagnait merveilleusement. La voix chevrotante de l’acteur, pianiste, auteur et compositeur, portait notre réflexion sur la biodiversité, avec un magnifique ciel bleu derrière, quelques gouttes pour que le temps puisse s’exprimer; le deuxième artiste de sa voix mélodieuse prônait le respect à travers des propos qui se rattachaient aux éléments, dont nous faisons partis. Le spectacle était magnifique, poétique, la communion totale avec la nature et les acteurs.
Au travers de textes de Victor Hugo, Épicure, La Fontaine ou Léonard de Vinci, sur des musiques de Chopin, Schubert, Shumann et des improvisations, le message fourni était celui de la tolérance.
Scènes du Golfe à Vannes propose à des Spect’acteurs de découvrir sa programmation afin de les rapprocher du théâtre, de la musique et de la danse.
Grâce à eux, Anne s’évade et s’émerveille régulièrement depuis deux ans.
Bonheurs Anonymes : Qui êtes vous ?
Anne : Je suis quelqu’un de lambba, j’aime pouvoir sortir de mon quotidien et être surprise, ma curiosité me fais sortir des sentiers battus. Je suis enthousiaste. J’aime découvrir la façon dont les autres voient la vie. Faire des choses déstabilisantes, qui sortent de l’ordinaire. J’ose, je découvre.
J’aime être interpellée par des œuvres, des personnes, des lieux, et les faire partager.
Cela apporte du piment au quotidien. Il faut que j’aille voir plus loin pour ne pas m’arrêter à ce que je connaît déjà. Je me rend compte que tout est possible quand on va à la rencontre des autres.
Quand vous aviez 16 ans, comment vouliez-vous être dans la vie ?
à 16 ans j’ai fais un stage de parachutisme. C’était la première fois que j’osais sortir du quotidien.
J’étais enfin maître de mon action présente.
Je m’imaginais comme je suis maintenant. Pouvoir décider de ce que je voulais comme je le voulais, sans avoir à être régie par des règles. Continuer à oser, à m’assumer, à vivre pleinement.
Qu’aimer vous dans la vie ? Qu’est ce qui vous rend heureuse ?
Que mes enfants soient bien. Puis tout ce que je m’autorise à faire : prendre du temps pour moi, aller voir des spectacles, faire des balades en moto, prendre un verre devant la mer…
Qu’est ce que le Théâtre vous procure ?
Le Théâtre me procure différentes sensations, il suscite des émotions : la joie, la peine… des choses qui font échos à notre propre parcours. C’est aussi de l’émerveillement, le nombre d’heures d’entraînement que le travail des artistes a dû engendrer, ces pensées aussi variées. Ils franchissent des limites, des frontières.
Parfois ce sont des pièces que l’on connaît déjà, mais en voir une interprétation différente, avec un œil décalé, les rend magiques. Il y a différentes façons de penser, il ne faut pas s’arrêter aux idées préconçues. Ça sous-entend que l’on peut vivre tous ensemble en pensant différemment.
Le plus beau spectacle ?
«Matter», un spectacle de danse, il m’a interpellé, il avait beaucoup d’intensité. On a pu à travers un atelier, quelques jours avant, créer nos propres robes de danses en papier avec les artistes. C’était incroyable car durant le spectacle je me sentais dedans et je comprenais mieux la façon dont les danseurs se mouvaient. Leur moindre geste avait une résonnance en moi. Je rentrais dans leur personnage, je sentais, en fonction de chacune, leur gaieté, leur épanouissement, leur bien être, puis chez d’autres la douleur, le carcan qu’elles portaient, la violence avec laquelle elles s’épuisaient et la libération qu’elles vivaient quand elles se débarrassaient de leurs chaines.
J’ai ressenti beaucoup d’émotions. C’était très personnel, cela m’a beaucoup touché. Elles se sont mises à nu. Harmonieusement, sans jugement.
Je n’aurai jamais été voir ce spectacle si je n’avais pas fait parti des Spect’acteurs.
Ce spectacle hors de moi m’a fait rentré en moi.
Est ce qu’il faut savoir s’émerveiller pour réussir sa vie ?
J’en ai besoin car ce sont des moments où l’on est pas centré sur son nombril, on fait attention aux autres, à son environnement, ça veut dire que l’on arrive à émerger, que ça nous emmène plus loin sur notre parcours, à des endroits que l’on aurait pas cru.
Ces petits moments là sont forcément intrigants et nous amènent vers des voies différentes. Des voies qui nous permettent d’oser aller vers des chemins différents. De ne pas s’emprisonner. D’évoluer vers des choses positives. Cela donne le droit de sortir des sentiers battus. Rien n’est préconçu. On a le droit de s’inventer notre propre destinée. Chacun est particulier.
«Tout est possible quand on va à la rencontre des autres.»
Vous rapprochez vous de vous même à travers cet émerveillement ?
Oui, ça m’interpelle donc ça me rapproche de moi même. Sinon je reste dans ma routine. Tout ce qui vient de l’extérieur renvoie à soi et ça me fait me brasser, un peu comme la mer. Ça ramène au rivage et on en fait ce qu’on veut. Soit on laisse ça de côté, soit on s’appuie dessus. Mais au moins on aura eu l’opportunité de se poser des questions.
Est ce qu’il y a un outil que vous aimeriez partager qui vous a aidé à être heureuse ?
Il y en a partout autour de soi ! [Anne ouvre la programmation des Scènes du Golfe et lit] «le monde entier est un théâtre».
Quel rôle voulez vous y avoir ?
C’est à soi de se forger et d’y aller, on a même le droit d’avoir plusieurs rôles ! L’art interpelle, il faut s’arrêter pour regarder, être curieux. La culture ouvre vers un possible. Il faut juste mettre le doigt dans l’engrenage pour se laisser emporter.
Quelle est la qualité que vous avez développé pour cultiver votre bonheur ?
Si les autres y arrivent, pourquoi pas soi ? Mes enfants osent et cela m’émerveille.
Il faut s’ouvrir, être curieux, essayer, croire, même une toute petite nouvelle expérience fait grandir.
Il y a t il une citation qui vous motive ?
«Sourire quand même».
Un conseil à donner ?
Parfois ce n’est pas facile d’aller vers les autres, vers ce qu’on ne connaît pas. On rompt avec sa sécurité.
Mais il faut oser sortir. Arrêter de se dire que les autres sont capables et pas soi, se dire pourquoi pas ?